Que voyez-vous, un canard ou un lapin ? Cette image, vous l’avez sûrement déjà vue, et pour cause ; c’est une des plus anciennes et plus célèbres illusions d’optique qui soient et qui montre à quel point le fonctionnement du cerveau humain est fascinant, et qu’il suffit parfois de quelques mots pour modifier l’interprétation d’une situation par le cerveau.
D’où vient cette célèbre image ?
C’est en 1953 que l’émission télévisée Science in the Making : Right Hand, Left Hand de la chaîne de télévision britannique BBC a diffusé cette image auprès du grand public en demandant aux téléspectateurs s’ils voyaient un canard ou un lapin. Le présentateur de l’époque, le Dr. Jacob Bronowski, affirmait que la réponse à cette question variait en fonction du fait que l’on soit droitier ou gaucher. Plus tard, une étude de l’University College de Londres attestait que c’étaient plutôt le genre et l’âge d’un individu qui déterminait l’animal qu’il verrait en premier.
Que nous apprend cette illusion d’optique sur notre mental ?
1. Le cerveau a besoin d’un contexte pour traiter les informations
Plus récemment encore, une étude est parvenue à montrer que c’est en réalité le contexte, en d’autres termes les informations dont nous disposons et notre état d’esprit qui conduisait à l’un ou à l’autre des résultats. En clair, cette étude a permis d’attester l’importance du contexte dans le traitement des informations par le cerveau.
Lors de l’étude, la moitié des volontaires ne voyaient qu’un seul des deux animaux lorsque le dessin leur fut présenté. A ceux-là, les chercheurs, qui tentaient de trouver comment leur faire voir à la fois le canard et le lapin, donnèrent quelques indices, comme le fait que le canard était « à côté » du lapin ; mais ce n’est que lorsque l’on demanda aux participants de reconnaitre « un canard mangeant un lapin » que ces derniers y parvinrent tout à coup.
2. Les personnes qui peinent à voir les deux animaux à la fois seraient plus naïves
Une autre conclusion des auteurs est que les personnes qui ne voient qu’un seul animal sur le dessin et qui ont des difficultés à distinguer les deux en même temps seraient plus naïves que les autres. Ne voir qu’un seul animal témoignerait d’une propension chez les personnes à croire ce qu’elles voient sans prendre en compte le contexte.
3. Il est possible de contrôler la façon dont le cerveau interprète les choses
Kyle E. Mathewson, auteur de l’étude, a déclaré : « cette étude démontre également que nous pouvons contrôler la façon dont le cerveau interprète l’information avec seulement quelques mots ou avec une image« .
Pour lui, les informations dont nous disposerions joueraient un rôle important dans la façon dont nous comprendrions et dont nous interpréterions les faits et les situations.
C’est ainsi que lorsque l’on a montré la même image à des enfants dans la période de pâques, ils étaient plus nombreux à y voir un lapin ; quand par contre on la leur a présentée en hiver, ils y voyaient plutôt un canard.
4. Nous sommes tous plus ou moins victimes de nos biais cognitifs
Les biais cognitifs sont des liens inconscients que nous établissons en pensée entre différents éléments et qui sont à l’origine de la manière dont nous portons certains jugements ou dont nous percevons certaines choses. Ces mécanismes psychologiques visent notamment à nous faire gagner du temps et à nous épargner la fatigue mentale qu’engendrerait une sollicitation quasi constante de nos ressources cognitives et des efforts de réflexion conscients.
Quoi qu’il en soit, les biais cognitifs sont à l’origine de nombreuses de nos erreurs de jugement et expliqueraient pourquoi nous sommes aussi facilement piégés par la désinformation, ou les fake-news.
Comment éviter ces pièges de la pensée et avoir des raisonnements les moins biaisés possibles ?
— Reconnaitre que nos connaissances sont limitées et ne pas avoir une trop grande foi en nos propres jugements
— Analyser la situation
— Envisager les choses sous plusieurs angles différents, adopter différents points de vue, voire sous un point de vue d’observateur extérieur
— S’informer et acquérir de nouvelles connaissances
— Avoir une vision globale des choses
— Réfléchir plus d’une fois à un problème et envisager d’autres alternatives