Deux policiers – un homme et une femme – appelés pour une rixe pendant une soirée privée à Champigny-sur-Marne, dans la banlieue est de Paris, ont été pris à partie et roués de coups peu avant minuit dans la nuit de dimanche à lundi. Des vidéos largement reprises sur les réseaux sociaux montrent un grand nombre d’individus se précipitant sur un véhicule retourné. Une femme en uniforme, à terre, encerclée, reçoit des coups de pied pendant que plusieurs personnes s’acharnent sur le véhicule.
Ali, 17 ans, était là. Il est venu en aide à la policière prise pour cible. «Un acte responsable et normal», selon ce lycéen. L’adolescent explique au «Parisien» être arrivé vers 22-23 heures devant la salle de Champigny où se déroulaient les festivités du Nouvel-An. Il y avait un monde fou, «une queue comme à Disneyland», décrit-il. D’après le jeune homme, l’ambiance était électrique: les entrées se faisaient au compte-gouttes, les contrôles prenant passablement de temps. «Les gens avaient froid et étaient à bout (…). Comme le billet passait de 15 à 20 euros à minuit, personne ne voulait payer davantage après avoir attendu des heures», explique Ali.
«Certains se sont comportés comme des animaux»
La situation a dégénéré lorsque la foule s’est agglutinée devant l’entrée pour entrer de force dans la salle. «L’un des vigiles a commencé à gazer. Les gens étaient énervés. Quand le plafond de la salle a commencé à s’effondrer, ils ont appelé la police», témoigne le lycéen. Une fois sur place, les forces de l’ordre ont eu recours à du gaz lacrymogène et à des flashballs, blessant Ali à une cuisse. «Je n’excuse pas ce qu’il s’est passé, mais ils ont réagi trop brusquement. Du coup, quand, un peu plus loin, ces deux policiers sont arrivés tout seuls, un mec a crié «tapez-les!», raconte-t-il, avant d’ajouter: «Toute la haine que les gens avaient, ils l’ont déversée sur la dame et le monsieur. Les gens ont été traités comme des animaux et certains se sont malheureusement comportés comme des animaux.»
Renversée au sol, la policière a été rouée de coups par une «grosse vingtaine» de personnes «de toutes les couleurs, avec des filles aussi». Au bout d’un moment, quelqu’un a tenté de se saisir de l’arme de l’agente, mais Ali est intervenu en demandant aux personnes encore sur place de la lâcher. «Elle m’a tendu la main et je l’ai relevée. Après ça, une fille l’a tenue avec moi et on l’a emmenée à un autre croisement et là, la BAC (ndlr: brigade anticriminalité) est arrivée et ils l’ont mise dans la voiture.» Le lendemain matin, Ali a ressenti une forme d’injustice en prenant connaissance du traitement médiatique de cette histoire: «On ne parlait que de jeunes sauvages. Personne ne savait qu’il y avait aussi des jeunes qui l’ont aidée. Moi, je suis Arabe et la fille qui l’a soutenue était Noire. C’est important de le dire», conclut-il.