Il n’y a pas plus douloureux que la perte d’un être cher. En plus du chagrin et la tristesse qui accompagnent cet événement, il existe la gestion des tâches relatives à cette soudaine tragédie, informer la famille, préparer les funérailles et à la fin poster la nouvelle sur Facebook. Taya Dunn Johnson est une veuve qui a été bousculée par les réseaux sociaux suite à la mort de son mari.
Aussi bête que cela puisse paraitre, le post sur Facebook est devenu une réelle partie du processus de deuil. Une étude publiée sur la revue Nature Human Behaviour, décrit de manière précise comment les relations sociales se réorganisent après une mort. En observant 15 000 cercles d’« amis Facebook », il est clair que le décès resserre les liens perdus entre les amis sur Facebook.
Malgré les résultats de cette étude, une veuve vient raconter son histoire personnelle, à travers une lettre ouverte adressée au monde entier, sur la manière avec laquelle elle a été bousculée pendant ces moments difficiles à cause d’un simple message sur Facebook.
Dans cette lettre, Taya met en garde les gens sur le respect de la hiérarchie du chagrin. Elle veut souligner l’importance de laisser le temps au deuil traditionnel avant de passer au numérique. Sa lettre est intitulée « Lisez s’il vous plaît ceci avant de poster un autre ‘’repose en paix’’ sur les réseaux sociaux. »
Le deuil dans l’ère de la technologie est un territoire inconnu
Le samedi 9 juin 2012, à 8 h 20, le mari de Taya âgé de 36 ans a été déclaré mort dans un hôpital dans la banlieue de Washington, D.C. A 9 h 20, alors qu’elle était occupée à gérer les choses urgentes, son téléphone n’arrêtait pas de sonner. Tantôt avec la police pour répondre aux nombreuses questions sur la mort et tantôt avec les médecins pour discuter de l’autopsie et certificat de décès sans oublier les appels aux parents et famille proche.
A 9 h 47, tout en parlant à un agent de police, le téléphone sonne, elle a finalement décidé de répondre sans reconnaitre le numéro. A l’autre bout de la ligne une personne a commencé à poser plusieurs questions : « Il est mort??? Oh mon Dieu ! Ça va? Pourquoi suis-je en train de lire ceci sur Facebook? Taya, qu’est-ce qui se passe? « .
Elle a donc été étonnée de découvrir que la nouvelle a été partagée sur Facebook, mais qui a eu l’audace de diffuser l’information ? Taya ne s’est pas connectée depuis la veille. Elle a immédiatement appelé un ami pour lui demander de jeter un coup d’œil sur sa page et supprimer le message, elle n’avait pas encore informé le meilleur ami de son mari, ni plusieurs autres personnes si proches du défunt…
Respecter la hiérarchie du chagrin
Dans sa lettre, Taya vient rappeler ce que c’est la hiérarchie du chagrin, elle dit que seules les personnes qui ont traversées la même chose comprendront, et espère que tout le monde comprendra à travers son message.
Selon cette veuve, cette hiérarchie du chagrin est définie comme suit :
C’est un système ou une organisation dans lequel des personnes ou des groupes sont classés les uns au-dessus des autres en fonction du statut ou de l’autorité. Il s’agit également d’une classification des choses en fonction de leurs importances et urgences. Par exemple quand une personne meurt soudainement ou après une maladie prolongée, les premières personnes à devoir se manifester sont les parents, les enfants, les frères et sœurs, les oncles et tantes voire les amis intimes.
Naturellement leur soutien prend différentes formes, appels téléphoniques, messages vocaux et livraisons florales. Si par chance, la famille est à proximité, le soutien prend une forme plus chaleureuse, des visites enveloppées de câlins et larmes et même des livraisons de nourriture et de boissons pour nourrir toutes les âmes fatiguées.
A l’arrivée des réseaux sociaux, tous ces signes de courtoisie existent encore, mais sous un autre angle, messages Facebook, photos Instagram et de courts tweets.
Mais durant une période de deuil, la personne a besoin d’écouter des expressions d’amour, de solidarité et des prières, au moment adéquat. La veuve explique clairement que la famille a besoin de temps pour gérer les «affaires» immédiates et urgentes liées à la mort. Dans les minutes et les premières heures après le décès de quelqu’un, les réseaux sociaux sont probablement la dernière chose à avoir en tête.. Taya rappelle que même si la technologie a chamboulé notre quotidien, il existe des règles à adopter dans des situations précises à travers lesquelles, l’entourage exprime sa solidarité.
Chacun doit prendre une pause et réfléchir à son rôle et sa relation avec le défunt, avant de réagir à la nouvelle… L’amour et l’expression de soutien sont appréciés et nécessaires, mais ils peuvent aussi être inopportuns et créer un stress supplémentaire involontaire.
Quelques heures supplémentaires pourraient faire toute la différence.