A RETROUVER DANS LE MAGAZINE LE 4 OCTOBRE >> L’enquête complète sur l’affaire Maëlys
“Non, je n’adapte pas, j’essaie de me rappeler des souvenirs de cette soirée au maximum”, rétorque Nordahl L., jamais déstabilisé. Cette audition, que L’Express a pu consulter, est la dernière en date du suspect. Elle intervient à un moment clé de l’enquête. L’ancien militaire -un adepte de boxe thaï reconverti dans l’élevage de chiens et la manutention- est dans le viseur des enquêteurs depuis plusieurs jours. Il avait été placé en garde à vue avant d’être relâché, faute de charges. Sans jamais dissiper les soupçons à son endroit.
“C’est la première fois que je la voyais”
Cette fois, les juges d’instruction ont un élément crucial dans leur manche: une infime trace génétique de Maëlys, 8 ans, qu’il ne connaissait pas avant la soirée du mariage, a été relevée à l’avant de son Audi A3. Un véhicule qu’il a pourtant méthodiquement nettoyé le lendemain.
“Je ne me rappelle pas l’avoir touchée”
Selon sa version, Nordahl recroise ensuite la brunette sur le parking de la salle des fêtes avec d’autres enfants. Là, la jeune fille insiste pour vérifier s’il a emmené ses bergers malinois dans son coffre. Elle est, poursuit-il, accompagnée d’un “petit blond avec un ballon” dont il ignore le prénom. “J’avais ouvert côté passager. Je leur ai montré [que non], le petit blond est monté et Maëlys aussi, ça a duré 5-6 secondes.” Pourtant, l’ADN de la brunette a été retrouvé, mélangé au sien, au niveau des phares côté conducteur…
“Le fait de reparler, ça fait des flashs”
Imperturbable, Nordahl a réponse à tout. Pourquoi omet-il de relater cet épisode lors de sa première garde à vue? “C’est une bêtise de ma part, admet-il. Sur le coup, pour moi, entendre qu’une petite a été enlevée et m’avait parlé, et que je l’avais fait monter dans ma voiture sans la forcer, ça m’a perturbé.” Pourquoi donne-t-il l’impression de livrer un récit au compte-gouttes? “Il y avait beaucoup d’alcool, le fait de reparler, ça fait des flashs.”
“Je suis allé chercher des stupéfiants”
Le second déplacement se déroule en milieu de nuit. Vers 3 heures du matin, le DJ coupe la musique et annonce au micro que la fillette est recherchée par ses parents. L’inquiétude monte. Mais l’ex-militaire est aux abonnés absents. Un de ses amis se souvient l’avoir vu pour la dernière fois entrer aux toilettes au début des recherches. Plus jamais ensuite. Selon ce proche, Nordhal L. prétexte vouloir “vomir”. “Je ne comprends pas pourquoi il dit ça. On est sorti en même temps. Je n’ai pas vomi du tout”, conteste le suspect, expliquant être allé “simplement pisser”. C’est parole contre parole.
“Je ne me rappelle pas avoir insisté”
Le lendemain, en fin d’après-midi, Nordahl L. prend le temps de nettoyer minutieusement son Audi dans une station-service située à l’opposé de chez lui. “La cire est meilleure là-bas”, explique-t-il. Selon l’exploitation des caméras, il récure sa voiture – du plafond aux tapis – de 17h28 à 19h45. Les enquêteurs notent: “Passage de chiffon, utilisation d’un spray sur le siège avant passager, nettoyage du coffre avec lingettes, aspirateur…” Selon le suspect, ce zèle s’explique par une vente imminente du véhicule à un ami.
– La griffure des ongles, tout simplement. Je ne me rappelle pas avoir insisté.”