De multiples viols commis au parloir d’une prison ou enregistrés sur vidéo : ce calvaire imposé à un garçon de 4 ans est au coeur du procès d’assises de la mère et du beau-père de l’enfant, qui s’est ouvert lundi à Strasbourg. Sans échanger un regard, Sabrina Bonner, 25 ans, et Lionel Barthélémy, 31 ans, sont entrés dans la salle d’audience au premier jour d’un procès sans huis clos.
Après avoir changé plusieurs fois de versions au cours de l’enquête, Lionel Barthélémy avait finalement reconnu avoir violé le fils de sa compagne, lors d’une visite au parloir à la maison d’arrêt de Toul (Meurthe-et-Moselle) en février 2010. Incarcéré depuis août 2009, l’homme, que les experts psychiatriques décrivent comme agressif à tendances schizophrènes, purgeait une peine de trois ans pour des violences sur son ex-compagne.
Ce jour-là, dans le parloir, Sabrina Bonner aurait fait mettre à genoux son fils sur une chaise avant de lui bander les yeux avec son écharpe, puis elle l’aurait maintenu par les bras pendant que son beau-père le violait.
« Mme Bonner s’est rendue complice du crime en conduisant son fils au parloir par deux fois dans la même journée : une fois le matin où il y a eu un premier viol et une seconde fois l’après-midi en sachant parfaitement ce qui allait à nouveau se produire », accuse Me Yannick Pheulpin, agissant au nom de l’association Themis, représentant légal du petit garçon, aujourd’hui âgé de 8 ans et placé en foyer.
Les surveillants de la prison n’ont pas empêché ce geste, ils ne l’ont même pas constaté. Selon des éléments de l’enquête, des sacs-poubelle obstruaient la porte vitrée du parloir de cette prison où, comme dans d’autres établissements pénitentiaires, selon les avocats, une certaine tolérance est acceptée pendant les visites conjugales.
Me Pheulpin envisage déjà d’ »assigner le centre de détention de Toul en responsabilité à la fin du procès aux assises ».
Des preuves filmées
De son propre aveu, la mère du garçon se serait elle-même livrée à plusieurs viols et agressions sexuelles sur son fils entre 2009 et 2010. Par crainte peu avant la remise en liberté de son compagnon ou par culpabilité selon les versions données par l’accusée, Sabrina Bonner s’était présentée volontairement à la brigade de gendarmerie de Wissembourg (67), le 30 mai 2011.
Selon l’un de ses avocats, Me Dominique Bergmann, elle aurait toujours agi sous le coup de la menace et des instructions données par son compagnon depuis sa cellule à l’aide d’un téléphone portable.
Si Lionel Barthélémy reconnaît le viol au parloir, il affirme qu’il s’agit d’un « acte accompli à l’initiative de Mme Bonner. Mais il nie les autres faits et sa complicité dans les autres viols », selon son avocat, Me Matthieu Airoldi. Selon les enquêteurs, ce téléphone portable aurait également servi au détenu à écouter en direct un des viols pratiqués par la mère, une hypothèse attestée par une vidéo.
De nombreuses vidéos contenant des images de viols et d’agressions sexuelles mettant en scène la mère et l’enfant ont été retrouvées lors des perquisitions. À plusieurs reprises, Sabrina Bonner se serait elle-même filmée avec son téléphone portable et aurait fait parvenir les cartes à puce au beau-père du jeune garçon en détention. Ces images insoutenables, comme s’accordent à le reconnaître les avocats des trois parties, devraient être présentées aux jurés mardi.
Si l’avocat représentant le petit garçon n’a pas demandé le huis clos pour ce procès qui durera trois jours, le juge pourrait imposer un huis clos partiel, notamment pendant la diffusion de ces images, selon les avocats. Selon son avocat Dominique Bergmann, la jeune femme est « totalement consciente » de la gravité des faits reprochés. « Elle ne cherchera pas à minimiser sa responsabilité et elle se prépare maintenant à affronter trois jours d’un procès terrible. » Les deux accusés, en détention provisoire depuis le 1er juin 2011, encourent 20 ans d’emprisonnement.